La renaissance du Tour d’Allemagne, 10 ans après sa disparition du calendrier professionnel: "C'est magnifique"
C’est une lente résurrection et un retour progressif à la normale qui vont être marqués ce jeudi par un petit événement.
- Publié le 23-08-2018 à 13h51
C’est une lente résurrection et un retour progressif à la normale qui vont être marqués ce jeudi par un petit événement. Après dix ans d’absence, le Tour d’Allemagne retrouve sa place au calendrier professionnel. L’épreuve n’est pas encore une des courses du WorldTour, comme elle l’était lors de la dernière édition disputée, en 2008, mais compte tenu de l’importance du marché d’outre-Rhin, on peut être certain qu’il ne faudra pas longtemps pour que l’UCI la promeuve.
L’Allemagne n’est pas un des pays historiques du sport cycliste, comme le sont la Belgique, la France, l’Italie ou la Suisse, mais elle a toujours tenu son rang dans la famille, un peu comme les Pays-Bas, l’Espagne ou la Grande-Bretagne.
À Karlsruhe, le baron Karl Von Drais ne fut-il pas en 1817 l’inventeur de la draisienne, un engin à deux roues qui porte son nom et considéré comme l’ancêtre de la bicyclette ? Il y a des décennies que les coureurs allemands disputent et gagnent des courses, malgré les deux guerres mondiales et les périodes qui les ont entourés qui furent autant de freins à cette éclosion. Mais ce qui lui a fait le plus de tort au cyclisme chez nos voisins, alors que le cyclisme semblait s’y être définitivement envolé, à l’époque où Jan Ullrich devint, en 1997, le seul coureur de son pays vainqueur du Tour, c’est la répétition des scandales et révélations liés au dopage.
Lassés par ces affaires dont plusieurs frappèrent de plein fouet leurs coureurs ou leurs équipes, une partie du public allemand, mais surtout les sponsors et les médias ont tourné le dos au cyclisme.
Au point qu’alors que la discipline se portait mieux et qu’une nouvelle génération de champions arrivait outre-Rhin avec les André Greipel, Tony Martin, Marcel Kittel ou John Degenkolb, les télévisions nationales, ARD et ZDF ont, en 2007, décidé de ne plus diffuser les images du Tour de France avant le retour définitif (?) en grâce, il y a trois ans.
Mais les équipes et les courses (vingt au début du siècle) de haut niveau ont disparu petit à petit. Il ne reste plus que cinq épreuves aujourd’hui, dont deux WorldTour, à Hambourg et Francfort, ainsi que les courses de Cologne et Münster. Après la disparition du Tour de Bavière, le Tour d’Allemagne est la seule épreuve par étapes. Il y a désormais deux équipes allemandes estampillées WorldTour, Sunweb et Bora-Hansgrohe, tandis qu’Alpecin, le co-sponsor de Katusha, a un fort ancrage allemand et les coureurs allemands évoluant en WorldTour sont 28.
Le Tour d’Allemagne renaît donc de ses cendres.
"Ce retour, "das ist wunderbar" ("C’est magnifique"), s’est félicité Marcel Kittel. C’est un signe important."
C’est seulement sa 33e édition, alors que l’épreuve, qui a connu des hauts et des bas, a été créée en 1911, huit ans après le Tour de France, deux après le Giro, mais vingt-quatre avant la première Vuelta dont on va disputer la 73e édition !
Entre le départ à Coblence, ce jeudi, et l’arrivée dimanche à Stuttgart, le Deutschland Tour 2018 (2.1) aura quatre étapes seulement, car ASO, l’organisateur, n’a pas trouvé facilement des villes candidates à accueillir un départ ou une arrivée. Mais le plateau de ce Tour d’Allemagne new-look est en tout cas de haut niveau avec les deux premiers du Tour de France, Geraint Thomas, le vainqueur, et Tom Dumoulin, son dauphin, mais aussi toute une série de coureurs allemands, les vedettes précitées, ainsi que les nouvelles comme Pascal Ackerman et Maximilan Schachmann, sans parler de Romain Bardet, Warren Barguil, Matej Mohoric, Guillaume Martin, ou parmi nos compatriotes Jan Bakelants, Jelle Vanendert, Ben Hermans ou Jürgen Roelandts.