Greg Van Avermaet se dit prêt pour Sanremo mais prévient: "De plus en plus difficile de distancer les sprinters dans le Poggio"

Au sortir d’un massage régénérant d’un peu plus d’une heure, celui qui avait enlevé la Course des Deux Mers en 2016 a pris le temps de se confier et de faire le point sur sa forme à l’approche du premier monument de la saison : Milan-Sanremo.

Greg, qu’avez-vous appris de ce Tirreno Adriatico ?

"Je suis désormais un peu plus convaincu que la condition est là et que je suis prêt pour Milan-Sanremo. Je me sens au même niveau que l’année dernière à la même période. Il ne m’a pas été possible de matérialiser ce sentiment par un résultat car cette édition de la Course des Deux Mers ne proposait pas d’étapes réellement taillées pour mes qualités. J’avais pointé l’étape de dimanche, mais son profil s’est finalement révélé un rien trop exigeant pour que j’y survive. Tout est en ordre pour disputer un bon printemps."

Votre régularité est telle que certains s’inquiètent, ou presque, dès que votre nom ne figure pas dans le Top 10 d’une épreuve dont vous êtes au départ. N’est-ce pas pesant ?

"C’est vrai que le regard sur mes prestations a changé depuis un peu plus d’un an maintenant, mais je ne porte pas réellement attention à ce type de considérations. L’année dernière, on me demandait en début de saison comment j’allais bien pouvoir faire pour battre Sagan. Il se fait que j’ai collectionné les victoires dans les mois qui ont suivi. Les journalistes devraient parfois relire ce qu’ils ont écrit quelques semaines au préalable. Lors des Strade Bianche, j’ai vécu une mauvaise journée essentiellement due aux conditions climatiques dantesques. Cela ne m’est pas arrivé souvent dans ma carrière. Depuis le début de la saison, je ne pense pas que mes prestations puissent être qualifiées d’inquiétantes. Je n’ai en tout cas jamais paniqué. Ma polyvalence est un atout mais elle induit désormais des attentes tout au long de la saison."

Milan-Sanremo se profile à l’horizon. Un monument sur lequel votre meilleur résultat est une cinquième place glânée en 2016. Cette course colle-t-elle à vos qualités ?

"Oui, je pense, mais elle demeure insaisissable. Si vous prenez le départ du Tour des Flandres au sommet de votre condition, vous avez pratiquement la garantie de disputer la finale pour la gagne et d’y épingler un bon résultat. Les choses sont très différentes sur la Primavera. J’ai souvent basculé avec les meilleurs au sommet du Poggio mais sans pour autant que cela se matérialise nécessairement par un accessit. Il s’agit d’une course très difficile à lire sur laquelle les choses peuvent ne décider en une fraction de seconde. L’année dernière, par exemple, j’avais de super jambes mais ai attendu un rien trop longtemps avant de réagir à l’accélération d’Alaphilippe et Sagan. Sanremo est une course de plus de sept heures qui se joue le plus souvent en une seconde. Cela fait son essence. J’aime le charme de ce monument et en prendrai le départ à chaque fois que je pense avoir une chance de m’y imposer, fut-ce t’elle infime."

Que vous a-t-il manqué jusqu’ici pour faire mieux que cette cinquième place ?

"Un peu de chance, sans doute, pour que l’un des groupes dans lesquels j’avais pu me glisser dans la finale aille jusqu’au bout. C’est assurément le scénario qui m’offrirait la plus grande probabilité de lever les bras sur la Via Roma. Il devient de plus en plus difficile de distancer les sprinters dans le Poggio mais la dernière édition a prouvé que cette course peut encore sourire aux puncheurs."

La descente du Poggio est souvent présentée comme extrêmement technique. Vous effraie-t-elle ?

"Elle présente certains passages dangereux mais je ne m’y sens pas mal à l’aise. Les coureurs qui habitent Monaco et la dévalent souvent à l’entraînement ont l’avantage d’une parfaite connaissance du terrain. Après dix participations à Milan-Sanremo, je l’aborde toutefois désormais en confiance."

Au contraire de certaines équipes qui possèdent plusieurs cartes, vous apparaissez comme le leader unique de la BMC. Est-ce un avantage ou un inconvénient ?

"Je ne suis pas tout à fait d’accord avec ce constat. Nous n’incarnons pas l’équipe favorite, mais possédons tout de même en nos rangs des gars comme Roelandts, qui est déjà monté sur le podium, ou Gerrans, un ancien vainqueur qui évoluera toutefois dans un rôle ce capitaine de route cette fois. L’idéal serait de posséder un des meilleurs sprinters du monde dans notre sélection, mais on ne peut pas tout avoir… "

"L’Italie, c’est le pays du café"

Grand amateur de café, Greg Van Avermaet se régale depuis le début de sa campagne italienne. "Je me déplace toujours avec mon propre café dans ma valise, mais je le sors beaucoup moins souvent de mon bagage ici qu’en France par exemple. Si je commande un espresso ou un cappuccino, il est très rare que je sois déçu. L’Italie, c’est le pays du café. Lors des stages hivernaux, j’aime faire le service pour mes équipiers mais, une fois en course, je n’ai plus vraiment le temps de m’adonner à cette passion. J’ai uniquement perfectionné mon talent de Barista entre les Strade Bianche et Tirreno. J’adore tester de nouvelles variétés de grains, mais je ne me précipite pas pour autant dans les magasins spécialisés dès que je suis en Italie. Nous avons aussi d’excellents torréfacteurs en Belgique !"

"L’avenir de l’équipe est sur les bons rails"

En fin de contrat chez BMC, le Flandrien donne sa priorité à sa formation actuelle.

En fin de contrat en décembre avec une formation BMC dont l’avenir est flou après que le mécène suisse Andy Rihs a annoncé stopper son investissement au terme de cette saison, Greg Van Avermaet fait l’objet de nombreuses convoitises. "Certaines formations sont déjà venues aux nouvelles. La démarche me semble normale au regard du statut que j’ai désormais acquis et de ma situation contractuelle. J’écoute ce qui me vient aux oreilles, mais je ne me préoccupe pas encore véritablement de ce dossier puisque je souhaite me concentrer sur les grands rendez-vous qui approchent. On devrait y voir plus clair quant au futur de l’équipe en mai ou juin. Il sera alors temps d’étudier plus attentivement les choses."

Les crépitements de radio peloton ont laissé filtrer qu’un projet garantissant l’avenir de l’équipe américano-suisse pour les trois prochaines années était sur le point d’être ficelé. "C’est sur les bons rails, en effet. Une bonne partie du budget est déjà construite, mais notre manager général Jim Ochowicz est toujours à la recherche d’investissements. Je ne souhaite pas mettre la pression sur mes dirigeants et peux attendre jusqu’au Tour de France avant de poser mon choix. Je leur accorde ma priorité, c’est pour moi une manière de leur manifester mon respect pour la confiance qu’ils ont placée en moi ces dernières années. Je me sens bien dans cette structure et si les choses restent en l’état, je n’ai pas de raisons d’aller voir ailleurs. BMC fait assurément partie des cinq meilleures équipes du monde. Mais j’ai 32 ans et sais aussi que ce contrat est l’un des plus importants de ma carrière sur le plan financier. Je voudrais ainsi apposer ma signature au bas d’un bail de trois ans."