Giro, Tour, Vuelta: les grands tours passés à la loupe
On connaît désormais le parcours et les caractéristiques des trois grands tours.
- Publié le 21-12-2018 à 10h54
- Mis à jour le 21-12-2018 à 10h55
On connaît désormais le parcours et les caractéristiques des trois grands tours. Après la présentation de la Vuelta 2019, mercredi soir à Alicante (voir ci -contre), on connaît désormais le parcours et les principaux paramètres des trois prochains grands tours.
Le cyclisme moderne n’autorisant plus le moindre à-peu-près, les équipes et les coureurs se doivent désormais d’établir leur programme en tenant compte des caractéristiques des différentes épreuves. Ces dernières semaines, les principaux ténors ont ainsi fait leur marché entre des participations au Giro et/ou au Tour, avec ou sans ambition, à l’image de Tom Dumoulin ou de Primoz Roglic qui iront en Italie pour enlever le maillot rose avant de courir le Tour en y tirant profit des forces qui leur resteront (ou pas).
Ensuite, il y aura éventuellement la Vuelta pour confirmer ou comme lot de consolation, Simon Yates en sait quelque chose. Comme les deux autres grands tours, celui d’Espagne fera l’an prochain la part belle à la montagne, sacrifiant ainsi à la tendance qui veut que chaque année, imperceptiblement, les tracés se durcissent, se raidissent et flirtent même avec les limites. Ainsi, une des montées du 74e Tour d’Espagne proposera un passage à 28 % !
On pourra voir dans le tableau comparatif quelles sont les caractéristiques du Giro, du Tour et de la Vuelta 2019.
Comme les coureurs et les observateurs l’ont compris lors de sa présentation, la Grande Boucle 2019 s’annonce plus montagneuse que les précédentes. Sourira-t-elle pour autant à un grimpeur ? Les chiffres ne veulent pas tout dire car la géographie de l’Italie et de l’Espagne n’est pas la même que celle de la France, toutes les difficultés n’étant pas nécessairement répertoriées. Et si le Giro compte trois contre-la-montre et bien plus de kilomètres à effectuer en solitaire que les deux autres tours nationaux, deux de ces étapes sont des chronos en côte.
Surtout, la participation, l’intensité et les enjeux de ces trois grands tours ne sont pas les mêmes et là aussi, c’est la course au maillot jaune qui écrase tout.
Entre un tracé sur papier et la réalité, il y a de la marge.
"Ce qui fait vraiment la différence dans la difficulté ou non d’un grand tour, c’est la récupération, assure Pauwels. Une étape de six ou de trois heures, ce n’est pas que le double d’heures de selle, c’est aussi trois heures en plus ou en moins pour la récupération. Idem avec les transferts. Au Giro et à la Vuelta, ces dernières années, la tendance est à de longs transferts, sur des routes parfois compliquées. Si vous arrivez à l’hôtel à 21 heures, qu’il faut encore être massé et manger, cela fait tard. Et parfois, le lendemain, il faut se lever à 6 ou 7 heures pour un autre déplacement. Au Tour, c’est plus régulier et réglé. On ne mange jamais avant 20 heures, mais comme les étapes partent tard, on peut souvent dormir jusqu’à 9 heures le matin. Pour moi, l’idéal, c’est un départ vers midi."
Le futur équipier de Greg Van Avermaet constate un durcissement des parcours.
"C’est de plus en plus raide et extrême, dit-il. On dirait une compétition entre les organisateurs pour savoir qui aura les montées les plus raides, les plus étroites, le plus de chemins en pierre. Rouler avec des braquets de VTT, ça n’a rien à voir avec le cyclisme. Croyez bien que les coureurs n’aiment pas. L’important, c’est l’équilibre. Cette année, au Tour, même moi qui grimpe bien, j’ai trouvé difficile la troisième étape dans les Alpes, il y avait une ou deux montées en trop."
Autre tendance, la diminution des chronos.
"Je crois que c’est parce que le public et les télévisions ne trouvent pas cela très intéressant et spectaculaire, continue-t-il. Pour les coureurs, sauf ceux qui jouent le général, c’est presque un demi-jour de repos, ça permet de souffler."
Finalement, pour Pauwels, c’est le Tour qui a la préférence.
"Pourtant, c’est en France qu’il y a le plus de pression, dit-il. À tous les niveaux, le public, les médias, les sponsors… Mais, j’essaie d’en profiter. Je préfère énormément de monde sur le bord de la route que personne, comme c’est régulièrement le cas à la Vuelta. Si on fait la même étape à Paris-Nice ou au Dauphiné qu’au Tour, il y a cent fois plus de monde et d’ambiance en juillet. C’est peut-être la folie, avec ce que cela implique de risques, de tension nerveuse, notamment en début de Tour, mais c’est aussi pour cela qu’on fait ce sport. Moi, je suis tombé amoureux du vélo pour cette folie, en regardant le Tour à la télé, en allant sur le bord de la route dans les Alpes avec mes parents en 1995. C’est vrai que, des trois, je préfère le Tour, parce que c’est la plus grande course, celle que tout le monde suit, celle qui m’a donné envie de faire du cyclisme."
Et donc, en juillet, Serge Pauwels sera au Grand Départ à Bruxelles.
"Normalement, dit-il. Je serai au Tour et pas au Giro. Pour la suite, la Vuelta est une possibilité, mais on n’a pas encore décidé du programme de fin de saison. Ce Tour 2019 est montagneux, il y a beaucoup de grands cols, des arrivées en altitude, de nombreux passages à plus de 2 000 mètres. Pour un grimpeur comme moi, il y a pas mal d’opportunités, j’aime bien ce parcours, mais c’est quand même toujours les Alpes, les Pyrénées…"
Qui courra le Tour, le Giro ou la Vuelta?
Les principaux leaders ont déjà établi leur programme 2019. On sait ainsi qui va courir, ou non, le Giro et le Tour, un peu moins la Vuelta, plus lointaine. Voici un état des lieux, non exhaustif (et par ordre alphabétique), qui sera encore modifié au fil de la saison. N’apparaissent que les coureurs qui peuvent gagner le général, alors que plusieurs équipes n’ont pas encore dévoilé leur stratégie ou pas totalement.
Tour d’Italie : Fabio Aru (UAE), Pello Bilbao (Astana), Richard Carapaz (Movistar), Tom Dumoulin (Sunweb), Tony Gallopin (AG2R), Simon Geschke (CCC), Ion Izagirre (Astana), Mikel Landa (Movistar), Miguel Angel Lopez (Astana), Rafal Majka (Bora), Bauke Mollema (Trek), Vincenzo Nibali (Bahrain), Domenico Pozzovivo (Bahrain), Primoz Roglic (Jumbo), Alejandro Valverde (Movistar), Simon Yates (Mitchelton), Ilnur Zakarin (Katusha)…
Tour de France : Romain Bardet (AG2R), George Bennett (Jumbo), Tiesj Benoot (Lotto), Pello Bilbao (Astana), Emanuel Buchmann (Bora), Rohan Dennis (Bahrain), Tom Dumoulin (Sunweb), Chris Froome (Sky), Jakob Fuglsang (Astana), Steven Kruijswijk (Jumbo), Mikel Landa (Movistar), Pierre Latour (AG2R), Daniel Martin (UAE), Bauke Mollema (Trek), Vincenzo Nibali (Bahrain), Serge Pauwels (CCC), Thibaut Pinot (Groupama), Richie Porte (Trek), Nairo Quintana (Movistar), Primoz Roglic (Jumbo), Marc Soler (Movistar), Dylan Teuns (Bahrain), Geraint Thomas (Sky), Rigoberto Uran (Education First), Adam Yates (Mitchelton)…
Tour d’Espagne : Ion Izagirre (Astana), Steven Kruijswijk (Jumbo), Rafal Majka (Bora), Enric Mas (Deceunink), Domenico Pozzovivo (Bahrain), Nairo Quintana (Movistar), Alejandro Valverde (Movistar)…
La Vuelta encore plus pentue
Les grimpeurs apprécieront le parcours de la Vuelta 2019.
On connaît les principales caractéristiques du 74e Tour d’Espagne, disputé du 24 août (départ de Torrevieja) au 15 septembre (arrivée à Madrid pour la 50e fois). Avec 3 272,2 kilomètres, le parcours de cette Vuelta, qui ravira les grimpeurs, est le plus court des trois grands tours.
D’ailleurs, aucune étape n’excédera deux cents kilomètres. Ses 21 étapes se répartissent ainsi : un chrono inaugural par équipes, un contre-la-montre individuel, six étapes de plaine, six étapes de moyenne montagne et sept étapes de montagne.
Il y aura l’an prochain huit arrivées en altitude (hors ou 1re catégorie) ou au sommet d’une côte (de 3e). Cinq de ces ascensions finales sont inédites.
Si la plus courte étape n’est longue que de 96,6 kilomètres, elle sera disputée en Andorre avec cinq ascensions et un passage de quatre kilomètres sur un chemin empierré dans l’avant-dernière montée ! Elle se terminera de surcroît sur le "toit" de la course au maillot rouge, l’Alto Els Cortals d’Encamp, seule ascension qui culmine au-dessus de deux mille mètres (2 095 mètres).
Parmi les 59 cols et côtes recensées (soit 13 de plus que l’an passé), il y a 3 cols hors catégorie, 15 de 1re et 13 de 2e catégorie.
Enfin, il n’y a qu’un seul chrono individuel et, comme au Tour (ASO est organisateur des deux courses), il aura lieu à Pau, mais sur une distance un peu plus longue cette fois.