Giro: Simon Yates a fait le plus difficile
Le Britannique a conservé son maillot rose au bout du chrono qu’il redoutait tant et compte encore près d’une minute d’avance sur Tom Dumoulin.
- Publié le 23-05-2018 à 11h31
- Mis à jour le 23-05-2018 à 11h37
Le Britannique a conservé son maillot rose au bout du chrono qu’il redoutait tant et compte encore près d’une minute d’avance sur Tom Dumoulin.
Comme un marin guette le vent dans l’espoir de mettre les voiles, Tom Dumoulin avait les yeux rivés sur les étendards colorant la zone de départ du dernier chrono (34,2 km) de ce Giro, mardi matin à Trente. Pointé à 2’11 du maillot rose Simon Yates avant ce contre-la-montre, le Néerlandais avait soufflé que si les conditions restaient identiques à celles rencontrées lors de sa reconnaissance, "jamais Yates ne perdrait plus de deux minutes, à moins de connaître un jour sans" . Un présage qui s’est vérifié. Troisième d’une 16e journée de course remportée par l’Australien Dennis, le Limbourgeois n’aura repris que 1’15 au Britannique, toujours leader pour 56 secondes de mieux que Demoulin. Maillot rose depuis l’arrivée au sommet de l’Etna (6e étape), le coureur de chez Mitchelton-Scott semble s’être ouvert une voie royale vers un succès final à Rome dimanche. "Je guette une faille dans son armure depuis le début de ce Giro mais ne l’ai pas encore décelée, soufflait Dumoulin. Je vais rouler aussi vite que possible jusqu’à la fin de cette épreuve en espérant que Yates rencontre un jour sans. Mais au vu de son état de forme, cela me paraît peu probable." À moins que…1. Un changement tactique contre-nature
Mardi soir, à la sortie d’une cérémonie protocolaire lors de laquelle il venait d’endosser le maillot rose pour la onzième fois sur ce Giro, Simon Yates sembla réaliser que la victoire finale pointait désormais au bout de son horizon. "Dumoulin pointe désormais à un peu moins d’une minute (0’56’’) et je compte un avantage un peu plus confortable sur mes autres rivaux (3’11 sur Pozzovivo, 3e), commentait le Britannique. Je suis désolé pour les fans, mais je risque de me montrer un peu plus défensif lors des prochaines étapes." Un changement de philosophie et de tactique qui ne cadre pas vraiment avec le tempérament du coureur de chez Mitchelton-Scott. Déjà vainqueur de trois étapes sur ce Tour d’Italie, Yates a toujours couru pour grappiller de précieuses secondes à ses adversaires et non pour ne pas en perdre. Une position avec laquelle il devra apprendre à composer.
2. Un pic de forme arrivé trop tôt
Dès la présentation du tracé de ce 101e Giro, les principaux favoris avaient tous souligné de concert qu’il importerait d’atteindre son pic de forme lors d’une dernière semaine cruciale. Dans la foulée de ce chrono, trois difficiles étapes de montagne demeurent en effet au programme. Impérial depuis sa prise de pouvoir sur les pentes de l’Etna, Simon Yates est, de l’aveu de ses rivaux, "tout simplement trop fort". Mais n’a-t-il pas précisément atteint le sommet de sa condition un peu trop tôt dans cette épreuve ? S’il veut conserver le moral, Tom Dumoulin se souviendra qu’il a déjà personnellement vécu une expérience de ce type. Leader de la Vuelta en 2015, le Néerlandais s’était totalement écroulé lors de l’avant-dernière étape, rétrogradant de la 1re à la… 6e place du général.
3. La gestion de la pression
Vainqueur à onze reprises depuis le début de sa carrière chez les pros en 2014, Simon Yates est en passe d’écrire la plus belle ligne de son palmarès. Mais aussi de remporter sa toute première course par étapes ! Une forme d’inexpérience dans la gestion d’une telle situation de course qui pourrait desservir le Britannique, d’autant que sa formation n’est, elle non plus, pas routinée à pareille responsabilité.
4. L’étape de Prato Nevoso
Au moment d’analyser le livre de route de ce Tour d’Italie, Tom Dumoulin avait cerclé de rouge la 18e étape et l’arrivée au sommet de Pratonevoso, au menu de la journée de jeudi. Au bout d’une étape relativement plane jusqu’alors, la montée finale vers la célèbre station de ski présente des pentes (14 kilomètres à 6,6 % de moyenne) idéales à l’expression des qualités du Néerlandais. Ce pourrait être la journée de tous les dangers pour Yates.