Des chercheurs néerlandais remettent en cause le contrôle au salbutamol : "On ne peut pas dire si Froome est coupable"
Des chercheurs néerlandais remettent en cause le contrôle au salbutamol alors que ce dossier ne trouvera pas d’épilogue avant le Tour.
- Publié le 04-06-2018 à 13h22
Des chercheurs néerlandais remettent en cause le contrôle au salbutamol alors que ce dossier ne trouvera pas d’épilogue avant le Tour. Depuis sa révélation, à l’automne dernier, le contrôle anormal au salbutamol (deux fois la dose permise) subi par Chris Froome lors de la dernière Vuelta, empoisonne le cyclisme. L’affaire n’est, semble-t-il, pas près de connaître son épilogue, au grand dam de certains.
Froome a pu courir depuis le début de la saison et il vient de remporter le Giro car la substance incriminée n’entraîne pas de suspension provisoire. Après le Giro, le Britannique entend bien être au départ du Tour de France, dans un mois. Son équipe et le coureur lui-même auraient refusé la conciliation proposée par l’UCI qui proposait une suspension de six mois, avec perte de la Vuelta et de la médaille de bronze du Mondial de chrono.
Quand saura-t-on ?
David Lappartient, le président de l’UCI, a confirmé que le dossier est bientôt bouclé et que le service juridique - unité antidopage de la fédération internationale, le LADS, pourra bientôt rendre son verdict. "J’ai toujours souhaité qu’une décision soit prise avant le Giro, affirme le dirigeant français. Maintenant, j’espère que le dossier sera clos avant le Tour, mais il faut être réaliste : je ne crois pas que ce sera le cas. Aujourd’hui, la probabilité d’avoir la décision du LADS avant le départ du Tour est de 50 %, voire moins."
Pourquoi ça traîne ?
"C’est un cas très complexe, confirme Lappartient. Il y a beaucoup d’avocats aux prises, beaucoup de documents à analyser, beaucoup d’argent en jeu. Nous prendrons notre décision le plus rapidement possible, mais nous devons respecter la procédure et respecter les droits de Chris Froome et les nôtres. Tout est plus compliqué que d’habitude dans ce dossier. Il ne s’agit pas de laxisme de la part de l’UCI, mais quand vous êtes confronté à un dossier scientifique de 1.500 pages, il faut être prudent."
Que dit ASO ?
Comme ils l’affirment depuis des mois, les organisateurs du Tour veulent la clarté avant que leur épreuve ne démarre, le 7 juillet de Noirmoutier. "Nous voulons une réponse avant le Tour, a réaffirmé, en marge du Dauphiné, Christian Prudhomme, le patron d’ASO. Nous savons que c’est une procédure longue, que le temps de la justice n’est pas celui du sport, mais il faut que ce cas soit réglé, il n’est pas envisageable qu’il en soit autrement." Pour ASO, la balle est donc dans le camp de l’UCI. "C’est à l’UCI de trancher", dit Prudhomme. Les organisateurs du Tour, auxquels on a prêté l’envie de récuser directement le Britannique si une décision n’était pas encore tombée début juillet, refusent d’évoquer cette procédure. Il est vrai qu’ils ont été échaudés par un précédent concernant Tom Boonen auquel le TAS avait permis de courir le Tour après son contrôle à la cocaïne en 2010.
Quel épilogue ?
Dans un article paru dans la très sérieuse revue médicale British Journal of Clinical Pharmacology, trois chercheurs de l’institut néerlandais de recherche médicale de Leiden, CHDR, avancent qu’il est impossible de prouver, avec un seul contrôle urinaire, si le quadruple vainqueur du Tour a fauté. "Nous ne disons pas que Froome est coupable ou non, nous disons qu’on ne peut pas le dire", affirme un des chercheurs qui remet même en cause la manière de procéder au contrôle. "L’actuel contrôle au salbutamol est inacceptable. C’est une substance avec un seuil autorisé. Selon les lois pharmacocinétiques, on ne peut jamais déterminer une dose prise avec une seule mesure urinaire. C’est impossible ! Froome a présenté une valeur très haute, mais cela peut arriver. Quand ce contrôle a-t-il été effectué ? Avait-il déjà ou pas uriné peu avant le contrôle ? Avait-il bu ou pas ? Faisait-il chaud ou non ? Autant de paramètres qui posent autant de questions. Il faudrait plusieurs prises régulières d’urine pour pouvoir comparer dans le temps, et même des prises de sang. Mais c’est contraignant et cher."