David Boucher: "Dans ma tête, je suis toujours resté pro"
- Publié le 06-12-2017 à 07h02
Après deux ans chez les élites sans contrat, David Boucher fera son retour chez les professionnels en 2018. Davide Rebellin a fait l’actualité, cette semaine, avec l’officialisation de son engagement au sein de l’équipe de Geoffrey Coupé, Sovac-Natura4Ever. Le vétéran italien reste à part, avec son âge de 46 ans. David Boucher ne se voit pas continuer aussi longtemps. Mais le Français naturalisé belge n’a, lui non plus, jamais perdu sa motivation. À tel point qu’après deux saisons chez les élites sans contrat, l’ancien coureur du World Tour a retrouvé un contrat pro, à 37 ans, au sein de la formation continentale Tarteletto-Isorex.
David, peu de coureurs parviennent à retrouver un contrat pro quand ils redescendent chez les élites sans contrat. Vous, vous y êtes parvenu. À bientôt 38 ans. D’où vous vient cette motivation ?
"Vous savez, j’avais certes roulé deux saisons chez les élites sans contrat, mais, dans ma tête, j’ai toujours été pro. Je ne me suis jamais senti amateur et j’ai toujours continué à rouler comme un pro, même si c’est vrai que j’ai dû faire des kermesses amateurs pour meubler mon programme ces deux dernières années. Et puis, j’avais promis à ma femme et à mes enfants de continuer jusqu’à fin 2018. C’est ce que je fais."
Pourquoi cette date ?
"Parce que j’ai commencé la compétition en 1988. J’avais huit ans. Cela me fera donc trente ans de compétitions. Et puis, mon fils, que j’ai essayé de mettre au foot ou dans d’autres sports, n’en démord pas : il veut faire du vélo. Je lui ai dit qu’il pourrait commencer à huit ans, quand j’arrêterai. Mais il a déjà commencé… Et il se pourrait donc que je fasse encore une année en 2019…"
Retrouver un contrat pro, c’est un soulagement ?
"Pas vraiment, car, comme je l’ai dit, je me suis toujours senti pro. Mais ça me fait plaisir. Je suis content de ne plus devoir rouler dans les kermesses pour espoirs et élites sans contrat, dans lesquelles j’étais critiqué, dans lesquelles on disait que je n’avais pas ma place. Je suis donc motivé, surtout que l’équipe aura un bon programme. Cela n’a pas toujours été facile. Quand tu viens du World Tour et qu’ensuite tu ne gagnes pas ta vie en faisant la même activité, ce n’est pas évident. J’ai beaucoup trimé."
Comment ?
"Quand tu dois voir si tu peux payer ton plein d’essence pour aller faire la même course qu’un gars qui gagne 100.000 euros et toi rien, ce n’est pas évident… Quand tu fais les mêmes kilomètres en compétition, les mêmes sacrifices à la maison et à l’entraînement qu’un vrai pro, il faut savoir rester motivé. Surtout qu’au niveau continental, tu n’es pas dans le même monde ! Quand tu es dans une petite équipe comme c’était mon cas, au départ des courses, tu attends dans le froid, sur une chaise, dehors, tandis que les gars du World Tour attendent au chaud dans leur bus… En deux ans, j’ai vu des choses que je n’aurais jamais imaginées ! Je ne veux pas cracher dans la soupe, mais l’échelon continental (non-pro) en Belgique, c’est avec les moyens du bord. D’ailleurs, en début de saison, les équipes dans lesquelles j’étais comptaient une quinzaine de coureurs. Il n’en restait que quelques-uns en fin de saison… Je me suis accroché, j’ai toujours été sérieux, je suis resté fidèle à moi-même, gardant la gnaque et la motivation, raison pour laquelle je suis apprécié dans les équipes, même si j’ai un fort caractère. Et me revoilà avec un contrat pro."
Boucher nourrit encore des objectifs
En juin, à Chimay, où il a remporté le titre de champion de Belgique du contre-la-montre chez les élites sans contrat, David Boucher avait déclaré avoir réalisé son dernier rêve : obtenir un titre de champion national. Cela aura donc été le noir-jaune-rouge pour ce rouleur qui s’était imposé quasiment à domicile, puisqu’il a grandi à Momignies, mais aussi à Fourmies, en France. "Ce titre de champion de Belgique était important pour moi, surtout après toutes les démarches que j’ai dû effectuer pour récupérer la nationalité belge", se rappelle-t-il. "J’ai donc réalisé tous mes rêves sur le vélo : être pro, être au départ d’un Grand Tour, faire les grandes classiques comme Paris-Roubaix et le Tour de France, rouler dans une grande équipe belge (Omega Pharma-Lotto, en 2011, lors de la fameuse année de Philippe Gilbert) et française (il est resté cinq ans à la FDJ). Je suis content. Il me manque une victoire, mais ce n’est pas donné à tout le monde. Peut-être que si j’avais pu intégrer plus vite une grande équipe, ma carrière aurait été différente, car j’ai été formaté pour intégrer les échappées. Et être un coéquipier. Mais je suis content. Et si j’ai réalisé mes rêves, il me reste des objectifs pour la saison 2018. Je veux me montrer !"