Caleb Ewan, le nouvel atout au sprint de Lotto-Soudal
Le jeune sprinter australien est ambitieux et veut ramener des victoires.
- Publié le 15-12-2018 à 07h37
- Mis à jour le 15-12-2018 à 13h26
Le jeune sprinter australien est ambitieux et veut ramener des victoires. Le ciel est sombre, le vent est soutenu et la pluie tombe continuellement ce vendredi matin, à Manacor, le village de Rafael Nadal, où l’équipe Lotto-Soudal a établi son camp de base pour son premier stage de préparation de la prochaine saison. Un temps à la belge qui ne refroidit pas l’enthousiasme de Caleb Ewan : il a très envie de débuter avec sa nouvelle équipe, Lotto-Soudal.
Dont le petit coureur australien (1,61 mètre) était l’attraction, ce vendredi. La nouvelle bombe du sprint est le gros transfert de Lotto-Soudal pour la saison prochaine, lui qui a la mission de remplacer André Greipel. Et même de faire mieux. Âgé de 24 ans, ce garçon poli, souriant, né d’une maman sud-coréenne et d’un papa australien, est annoncé comme le grand sprinter de demain, lui qui a déjà remporté une étape du Tour d’Italie, une du Tour d’Espagne ou la classique de Hambourg. Son palmarès compte une trentaine de succès. Et il s’est aussi classé deuxième de Milan-Sanremo, cette année. "Je suis très motivé par ce nouveau chapitre de ma carrière dans cette équipe", explique celui qui, par son profil et sa nationalité, rappelle Robbie McEwen. "C’est une formation jeune. Et j’ai vraiment envie que nous grandissions ensemble. Pour le moment, tout est encore un peu nouveau. Je ne suis dans l’équipe que depuis une semaine. Mais je ne vois pas énormément de différence avec mon ancienne équipe, Mitchelton-Scott. L’ambiance est bonne, c’est assez relax. Mais on fait du bon boulot. J’ai une bonne impression."
Son arrivée chez Lotto-Soudal a été un long cheminement. "Cela fait un petit temps que nous discutions", explique-t-il. "Mais l’équipe avait toujours André Greipel. Qui a encore de belles années devant lui, même s’il devient plus vieux. De mon côté, j’ai senti que je n’avais plus assez de place chez Mitchelton-Scott, dont les ambitions pour le classement général des grands tours ont augmenté. Il n’y avait plus trop de place pour un leader sprinter, je voulais donc trouver une nouvelle équipe. Et Lotto-Soudal voulait un nouveau départ, un nouveau chapitre. Ses ambitions collent bien aux miennes : gagner des étapes sur les grands tours et sur les classiques. J’espère rester aussi longtemps qu’André Greipel. Et amener moi aussi des grandes victoires à cette équipe. Forcément, il y a de la pression à l’idée de remplacer un sprinter comme André Greipel. Mais il y a inévitablement de la pression quand tu arrives dans une équipe comme sprinter leader."
Caleb Ewan est doublement motivé pour 2019 : il veut réussir chez Lotto-Soudal et oublier une saison 2018 qu’il juge décevante, avec seulement trois victoires. "Physiquement, cela a été une grande année, je l’ai senti avec ma deuxième place à Milan-Sanremo", termine Caleb Ewan. "J’ai été le meilleur sprinter de cette classique. Mais il y avait Nibali devant… Il m’a souvent manqué un peu de réussite pour transformer mes nombreux podiums en victoires. Mais je sens que je continue à progresser. Gagner un sprint après 300 kilomètres, comme à Sanremo, montre que je progresse."
Le monument italien sera son premier grand objectif de la prochaine saison, qu’il débutera en Australie, en janvier, avec ses championnats nationaux et le Tour Down Under.
"Ce sera plus facile avec un train"
Il y aura de nombreuses nouveautés pour Caleb Ewan la saison prochaine : nouveau maillot, nouveau vélo, nouveaux coéquipiers. Mais aussi un train qui sera organisé pour lui. "Chez Mitchelton-Scott, je n’avais pas une équipe tournée autour de moi, je n’avais qu’un gars ou deux pour les sprints, j’ai toujours su me débrouiller tout seul", explique-t-il. "Ici, j’arrive dans une équipe qui a l’habitude d’avoir un train." Si Lotto-Soudal n’a plus André Greipel et des poissons pilotes comme Marcel Sieberg, Lars Bak ou Jens Debusschere, elle a recruté Roger Kluge et Adam Blythe pour épauler Caleb Ewan." Et il y a aussi Jasper De Buyst et Adam Hansen. Ce sera sans doute plus facile pour moi d’avoir un train. Avoir des gars avec toi peut t’aider en cas de problème au sprint : tu as moins de chances d’être enfermé quand tu es emmené. Et puis, comme je suis petit, j’ai un autre avantage : l’adversaire qui est dans ma roue est moins abrité…"
"Le Tour, c’est ce qui me fait rêver"
Un collègue néerlandais a demandé à Caleb Ewan ce qu’il choisirait, entre une victoire à Milan Sanremo et un succès sur les Champs-Élysées. Sans hésiter, il a répondu préférer s’imposer sur l’avenue française. Nous avons voulu savoir pourquoi ? "Parce que le Tour de France m’a toujours fait rêver", commente celui qui n’a encore jamais disputé la Grande Boucle. "C’est la première course que j’ai regardée à la télévision. Je me souviens que je suivais la lutte pour le maillot vert entre mes compatriotes Robbie McEwen et Baden Cooke. Cela a donc toujours été mon rêve. Tandis que le rêve de gagner Milan Sanremo est venu ensuite. Mais j’ai bien envie de gagner les deux." Qu’il visera lors de la saison 2019. "Avec le Tour de France qui part de Belgique, ce sera très motivant d’être au départ dans une équipe belge, surtout qu’il y a un maillot jaune à aller chercher au bout de la première étape, à Bruxelles."
"Je ne suis pas fort sur les pavés"
Installé à Monaco depuis plusieurs années, où il s’entraîne régulièrement avec Mark Renshaw, Michaël Valgren, Luke Rowe ou Geraint Thomas, Caleb Ewan est bien acclimaté à l’Europe. "La Belgique, c’est le pays du vélo", glisse-t-il dans un sourire. "L’ambiance, sur les courses dans votre pays, est vraiment très particulière. C’est toujours chouette d’y faire des courses. Mais je n’aime cependant pas trop les pavés. J’aimais bien chez les jeunes, j’ai d’ailleurs gagné chez les juniors (Gand-Menin, il avait aussi remporté une étape de Liège-La Gleize, dans les Ardennes, NdlR), mais chez les pros, c’est totalement différent. Je ne suis pas assez fort. Peut-être que j’y reviendrai dans quelques années même si je pourrais faire Gand-Wevelgem en 2019. Celle-là pourrait déjà me convenir. Je ferai le point après Sanremo."
"Un des cinq sprinters du monde"
Lelangue et Sergeant attendent beaucoup de Caleb Ewan la saison prochaine.
Lotto-Soudal misera toujours l’an prochain sur ses leaders belges. Avec Tim Wellens, Tiesj Benoot, Jens Keukeleire, mais aussi avec le champion d’Europe du chrono, Victor Campenaerts, tout en espérant l’éclosion de Bjorg Lambrecht. "Et nous miserons beaucoup sur Caleb Ewan", précise John Lelangue. "Avec lui, nous disposons d’un sprinter de grand potentiel. Avec lui, nous pouvons viser des belles victoires. Comme Milan-Sanremo. Il a déjà montré qu’il peut passer le Poggio. Et des belles victoires d’étapes sur les Tours. En pensant bien évidemment au Tour de France."
Ou au Tour d’Italie, qu’il pourrait faire également. "Nous travaillons tous les jours, sur le vélo ou lors de réunions, pour lui trouver le meilleur encadrement possible au niveau de son lead-out dans les sprints, pour déterminer comment l’encadrer au mieux", ajoute John Lelangue.
Marc Sergeant acquiesce. "Caleb, c’est selon moi un des cinq meilleurs sprinters du monde", enchaîne le manager sportif de la formation belge. "Il a un style très particulier. Cela peut paraître dangereux, mais je constate qu’il tombe rarement. Par sa petite taille, il est très embêtant pour les autres sprinters. Nous l’avons observé ces dernières saisons. Il a fait des résultats extraordinaires en étant quasiment tout seul dans les sprints. Nous voulons mieux l’encadrer. Même si dans les sprints actuels, il y a moins besoin d’un vrai train. C’est souvent le chaos. L’idéal, c’est de l’amener dans un petit train jusqu’au dernier kilomètre et continuer à l’aider avec un deux ou trois coureurs."
Le staff de l’équipe belge est charmé par son nouveau leader des sprints. "C’est un jeune très jovial, très sympa", ajoute Marc Sergeant. "Il s’est très bien intégré à l’équipe, on a même l’impression qu’il est avec nous depuis cinq ans. On sent qu’il est très motivé. On sent qu’il veut montrer sa valeur. Et gagner."