12 octobre 2008: Philippe Gilbert à son Tours chez les grands
Il y a 10 ans, le 12 octobre 2008, Philippe Gilbert décrochait sa première classique en remportant Paris-Tours, rejoignant les grands dans la légende du cyclisme...
- Publié le 12-10-2018 à 14h43
- Mis à jour le 12-10-2018 à 15h08
Il y a 10 ans, le 12 octobre 2008, Philippe Gilbert décrochait sa première classique en remportant Paris-Tours, rejoignant les grands dans la légende du cyclisme...
Sur le podium du 102e Paris Tours, Philippe Gilbert et Erik Zabel sont bras dessus, bras dessous. Le premier vient de gagner la classique automnale, le premier prestigieux succès de sa carrière. Le Liégeois, qui n’a pourtant que 26 ans et ses plus belles années devant lui, a tourné autour de cette course depuis trois saisons, tout en montant progressivement dans la hiérarchie internationale.
Le second met, lui, un terme à sa carrière, là où elle a véritablement débuté, 14 ans plus tôt, et les organisateurs ont tenu à le mettre à l’honneur. Depuis l’Allemand a collectionné les victoires, trois dans cette même Classique des Lévriers que Philippe Gilbert aurait déjà pu remporter à trois reprises, lui aussi, et qu’il décroche enfin.
Ce 12 octobre 2008, pour sa dernière grande course sous le maillot de la Française des Jeux (il disputa encore le Chrono des Herbiers…), Philippe Gilbert a tiré sa révérence de la plus belle manière possible, offrant à Marc Madiot et à ceux qui seront bientôt ses anciens équipiers le plus beau cadeau d’adieu possible. La marque d’un champion!
Comme la manière avec laquelle il a construit son succès, patientant le plus tard possible, attaquant à bon escient, d’abord en sautant sur la côte du Pont Volant dans la roue de Pozzato qui emmena aussi Freire avec eux, puis en les lâchant dans la toute dernière difficulté pour revenir sur les attaquants. Enfin, en crucifiant ses derniers compagnons, s’appuyant sur le travail, magnifique d’abnégation, de son ami et partenaire Mickael Delage, qui le suivra chez Silence Lotto.
Neuf ans après Marc Wauters, jusqu'alors le dernier Belge lauréat de Paris-Tours, neuf ans aussi après le succès de Frank Vandenbroucke dans Liège-Bastogne-Liège et sept après celui de Rik Verbrugghe à la Flèche, les deux derniers coureurs wallons lauréats d’une classique, Philippe Gilbert avait franchi le dernier palier le menant au faîte de la hiérachie internationale.
“C’est un jour très spécial, à la fois je gagne une grande classique, une de celles qui m’ont toujours fait rêver, et d’un autre côté, j’ai tenu parole“, admet Philippe Gilbert en descendant du podium. “En mai, en lui annonçant que je quittais l’équipe, j’avais promis à Marc (Madiot) que j’en gagnerais une grande avant de m’en aller. J’ai essayé plusieurs fois et je suis passé tout près (NdlR: 2e d’une étape des Tours de Suisse, de France et d’Espagne). Ce matin, je me suis dit c’est la dernière occasion et j’y ai repensé en course…”
Marc Madiot ne pouvait en effet rêver plus beau cadeau d’adieu. Après six ans de vie commune, le Wallon quittait donc la Française des Jeux, où il avait débuté sa carrière, par la grande porte.
“C’est une belle satisfaction”, confiait Marc Madiot, un brin ému, après la course. “Ça s’est passé comme nous l’avions rêvé, tout le monde a fait ce qu’il devait et, cette fois, les circonstances nous ont donné un coup de pouce. Je ne sais pas pourquoi, mais je sentais que c’était écrit…”
À Remouchamps, où était réuni le clan Gilbert, les larmes et el champagne ont coulé ce jour-là…
“Nous avons regardé la course à deux, son papa et moi, chez nous”, raconte la maman. “On savait que Philippe allait attaquer. Mais les derniers kilomètres ont été pénibles à suivre, car on ne voulait pas revivre le même scénario de lors des années précédents sur cette course! On ne voulait pas y croire tant qu’il n’avait pas levé les bras sur la ligne. Et quand il l’a fait, on a pleuré de joie. Comme je le fais à chacune de ses grandes victoires. Comme lors de sa toute première victoire, au Championnat provincial des débutants, à Manhaihant.”
Toute la famille s’est ensuite retrouvée à à la Taverne le Cheval Blanc, à Remouchamps, lieu de ralliement. Jérôme, le petit frère, a rejoint Jeannot et d'Anita. Et le champagne a coulé à flot…
Un Wallon qui gagne une classique, ce n'était alors pas fréquent. Devant sa télé, Claudy Criquielion, qui avait fait vibrer les Belges sur une classique comme l’a fait Philippe Gilbert, savait qu'il avait trouvé un successeur.
"C’est une très belle victoire pour Philippe Gilbert. Il coupe ainsi l’herbe sous le pied à ceux qui pensaient qu’il n’avait pas le coffre pour tenir la distance de 250 kilomètres. Maintenant, avec cette grande victoire, il va se sentir libéré à l’avenir. Et il peut se dire qu’il en a gagné une, il peut certainement en gagner d’autres !” prédisait, devin, le regretté ancien champion du monde, dans la DH.
10 ans plus tard, la prophétie du Crique s'est réalisée. Philippe Gilbert a ajouté de grandes lignes à un palmarès aujourd'hui bien fourni. Et qu'il espère encore, à 36 ans, enrichir.
Comme le week-end dernier: pour les 10 ans de son premier succès, il voulait à nouveau jouer un mauvais Tours à ses concurrents.
"Bien sûr que Paris-Tours reste une course particulière pour moi car c'est là que j'ai décroché ma première grande victoire. Cela reste un événement majeur et une téape importante de ma carrière", avoue l'ancien champion du monde. "Surtout qu'à l'époque, cette classique avait une autre envergure qu'actuellement…" Manche de Coupe du monde en 2008, elle était l'ultime préparation avant le Mondial. Mais même si elle a perdu de son aura, Philippe Gilbert la regarde toujours avec envie: "Cette classique me tient à coeur."
Le Liégeois le prouva encore en 2009, en réalisant le doublé, en battant Tom Boonen. Cette année-là, il décrocha aussi le Tour de Lombardie. Avant d'entamer une belle moisson de classiques: Amstel et Tour de Lombardie en 2010; LBL, Amstel, Clasica San Sebastian, Flèche en 2011; Mondial 2012; Amstel 2014; Tour des Flandres et Amstel 2017...