Loïc Schwartz: "A Ostende, gagner est une habitude"
- Publié le 13-10-2017 à 14h02
Après Charleroi, Loïc Schwartz est passé chez l’ennemi ostendais cet été. Il n’a beau avoir que 24 ans, Loîc Schwartz a déjà quelques années derrière lui en D1. De ses débuts au bout du banc montois jusqu’à sa signature à Ostende cet été, sept saisons se sont écoulées. Et pourtant, l’arrière belge qui a grandi du côté de Waterloo semble encore loin d’avoir exploité la plénitude de son potentiel, faisant de lui un grand espoir du basket belge. Ses passages à Pepinster, et surtout à Charleroi, n’ont pas abouti à l’envol espéré. Et c’est désormais à la Côte, sur le plus gros tremplin de Belgique, qu’il compte rebondir.
"Depuis que je suis en D1, Ostende a toujours été champion. C’est donc une fierté de pouvoir rejoindre un club aussi prestigieux et muni d’un tel palmarès", confie celui qui fera son retour au Spiroudôme ce vendredi soir lors du Clasico mais avec les couleurs du BCO sur le dos.
Est-ce qu’on ressent plus de pression quand on arrive à Ostende ?
"Il y a plus de pression au niveau du résultat ici à Ostende. Gagner est devenu une habitude pour un tel club. Après une victoire, il n’y a pas de réjouissance ou d’euphorie particulère dans le vestiaire, c’est juste normal! La culture de la gagne y est ancré. D’ailleurs je n’ai pas encore perdu un match officiel cette saison. Je n’étais plus habitué à ça. Inutile de dire que le groupe est serein. (rires) "
Ce premier retour au Spiroudôme dans un Clasico , ce sera particulier ?
"Je pourrais dire que ce match sera comme tous les autres mais ce serait mentir. Je ne le ressens pas encore maintenant mais quand j’arriverai au Spiroudôme, l’atmosphère et l’engouement du Clasico vont rendre l’ambiance particulière. Le coach ne met pas de pression particulière non plus. Il sait qu’il s’agira d’un match face à une grosse équipe du championnat mais il tient à ce que son équipe soit sereine. Personnellement, je n’ai aucun sentiment de revanche par rapport à Charleroi ou j’ai gardé des amis. Grâce au Spirou j’ai pu découvrir l ’Eurocup et la Champions League ."
Quel bilan tirez-vous de votre passage au Spirou ?
"Insatisfaisant. La première année ça allait mais je n’ai pas été assez performant lors de mes deux dernières saisons. Et je m’en veux d’abord à moi-même. Pourtant, j’ai toujours beaucoup travaillé. Mon attitude un peu je-m’en-foutiste laisse peut-être parfois penser que je ne suis pas un bosseur mais mon travail quotidien m’a finalement permis de recevoir cette opportunité à Ostende. Quoi qu’il arrive, je ne pense pas que je serais resté à Charleroi car j’avais besoin de changement. Et je ne pense pas avoir à prouver quelque chose nécessairement. "
Votre nouveau rôle au poste de meneur est important pour la suite de votre carrière ?
"Je pense effectivement que c’est à cette position que je pourrai évoluer le plus haut. J’ai souvent un avantage de taille sur mes adversaires et mes longs bras me permettent de gêner plus fortement les petits formats adverses défensivement. En plus, je ne pouvais pas rêver mieux que Dusan Djordjevic comme mentor à mes côtés. Il sait tout faire sur un terrain et surtout gérer le rythme d’un match. C’est la clé pour un meneur."
Charleroi pourrait être le plus gros concurrent d’Ostende cette saison ?
"Sur le papier oui ! Mais cela ne veut rien dire tant que l’alchimie collective n’est pas présente. Comme pour Ostende, l’équipe du Spirou a connu beaucoup de changements cet été et il faudra aussi un peu de temps pour tourner à plein régime."
"Je ne pense pas à l’équipe nationale"
Malgré sa participation aux qualifications en 2015 et 2017, Loïc Schwartz n’a jamais accompagné les Belgian Lions jusqu’à l’Euro. Une déception à laquelle il préfère ne plus penser. "Si j’ai participé à la pré-selection, c’était avec l’envie d’en faire partie. Cela reste un gros échec personnel. Mais en même temps, je préfère rester en Belgique que d’être repris pour ne pratiquement pas monter sur le terrain, je l’aurais difficilement accepté. Pour le moment, je ne pense pas du tout à l’équipe nationale. Quand je sentirai que j’aurai le niveau pour occuper un vrai rôle dans la sélection belge, j’y repenserai peut-être et j’espère qu’on m’appellera. Mais cela ne fait pas partie de mes préoccupations actuellement."
"Dario Gjergja ne supporte pas la défaite"
À Ostende, Loïc Schwartz est désormais sous la direction de Dario Gjergja, coach à succès réputé pour ses frasques gestuelles en bord de terrain mais aussi pour sa faculté à donner une nouvelle dimension à un jeune joueur. "C’est quelqu’un de passionné qui ne supporte absolument pas la défaite. Il est toujours derrière ses joueurs et ne tolère aucun relâchement. Pour lui, c’est de cette manière qu’on devient une grande équipe. Je me suis parfois dit, en tant qu’adversaire, que ça ne devait pas toujours être facile de l’avoir comme coach. Mais on s’y habitue et on sait que c’est pour notre bien. Il devient rare de voir un entraîneur parvenir à faire progresser ses joueurs de manière individuelle tout en alliant les bons résultats sur le plan collectif. Beaucoup considèrent les joueurs comme des produits finis et oublient le développement individuel."
Le décès de larsen : "Un gros choc émotionnel"
En 2015, Loïc Schwartz a dû faire face au moment le plus difficile de sa carrière d’un point de vue émotionnel suite au décès inopiné de son coéquipier danois Rasmus Larsen à l’âge de 20 ans seulement. Il avait été retrouvé inanimé dans l’appartement que le club lui avait mis à disposition. "Nous nous entendions super bien. Il avait tout pour réussir une grande carrière et malgré cela il restait un gars vraiment humble et charmant. On ne pouvait pas ne pas s’entendre avec lui. Sa disparition m’a beaucoup affecté et ce fut un énorme choc pour moi. Cela fait relativiser beaucoup de choses. Depuis, je me dis toujours qu’il faut jouer chaque match comme il s’agissait du dernier car on ne sait jamais de quoi le lendemain sera fait…"
"Il faut permettre aux jeunes de rêver"
Duke Tshomba suit la carrière de Loïc Schwartz de près…
Celui qui s’occupe des affaires de Loïc Schwartz, c’est Duke Tshomba, ancien joueur pro. Pour lui, le passage de son poulain vers Ostende est une étape importante de sa carrière.
"Ostende est le club qui a envoyé le plus de joueurs belges vers l’étranger ces dernières années. Gillet, Serron, Boukichou ont pris une autre dimension. Il existe au BCO une vraie vision pour les jeunes talentueux. Je pense que c’est exactement l’encadrement qu’il lui fallait. À Pepinster et Charleroi, il a connu des situations compliquées et parfois mal gérées. Et son bilan jusqu’ici a été un peu décevant. Loïc aurait pu mieux faire et mieux jouer. Ce qui lui manque essentiellement, c’est de la constance. Et sur ce critère-là, je crois que la structure d’un club comme Ostende lui conviendra parfaitement. C’était crucial de faire face à un nouveau challenge cette saison."
Duke Tshomba espère évidemment voir son joueur véritablement prendre son envol cette saison. Et il ne veut d’ailleurs pas non plus fixer de limite. "Il faut placer la barre haut et ne pas avoir peur de rêver. Pourquoi ne pas envisager la NBA ? On n’a pas souvent permis aux joueurs belges de rêver ces dernières années en D1. On les enferme trop souvent dans des cases ou des rôles trop définis. Et Ostende reste l’équipe qui met le plus ses joueurs belges en avant…"
Loïc Schwartz, lui, veut s’habituer à jouer les premiers rôles. "On a gagné la Supercoupe en début de saison mais c’est symbolique. Ce sont les trophées à la fin de la saison qui compteront vraiment. Et je pense que certains sous-estiment un peu trop Ostende cette saison."
Alex Libert ex-coéquipier: "Que le meilleur gagne !"
"J’ai évolué pendant des années avec lui à Mons, j’ai aussi joué à Charleroi pendant deux saisons, donc c’est évidemment un bon ami. Ça va être vraiment sympa de revoir Loïc, de voir comment il gère son changement de position. Ça sera intéressant de le voir évoluer sur le poste de meneur. De notre côté, nous n’avons eu qu’un seul jour de récupération mais c’est ça aussi de jouer en compétition européenne. C’est le premier Clasico de l’année, qui plus est à domicile. On sait de quoi ils sont capables et de quoi nous sommes capables, donc que le meilleur gagne."