La saison 2017 de basket vu par Dario Gjergja
L’hégémonie du BCO a continué en 2017 et ne semble pas être arrivée à son terme !
- Publié le 30-12-2017 à 11h57
- Mis à jour le 30-12-2017 à 11h58
L’hégémonie du BCO a continué en 2017 et ne semble pas être arrivée à son terme ! Comme tous les ans, nous avons décidé de revenir sur les moments marquants de cette année 2017 en basket. Belgique, Europe, NBA, toute la planète basket est passée au crible avec un invité d’honneur et de marque : Dario Gjergja, le coach à succès d’Ostende.
Certainement ce qui se fait de mieux en matière de coaching pur en Belgique, le technicien ostendais revient sur cette année 2017 particulièrement riche en événements basket, à commencer par… l’hégémonie d’Ostende sur le championnat et la Coupe de Belgique.
Une fois encore , le BCO a réussi le doublé en 2017 et, depuis le début du championnat 17-18, les Côtiers n’ont pas encore connu la défaite (13/13). Plus que jamais, cette équipe semble invincible et pourtant, comme tous les ans, elle a connu d’importants départs. "C’est vrai qu’on a vécu une belle année 2017 et qu’on a réussi à compenser les départs de certains cadres", explique le coach Gjergja. "Néanmoins, je garde en travers de la gorge l’élimination en coupe d’Europe face à Chalon. Il y avait moyen de faire mieux."
Par contre, en championnat, personne n’a réussi à contester la suprématie ostendaise si ce n’est le Brussels, lors du troisième match de la finale des playoffs. "Ils ont livré un match exceptionnel. Peut-être que de notre côté, certains gars ont pris cette rencontre de manière trop relax, mais je les avais pourtant prévenus."
Malgré tout, le collectif ostendais a une nouvelle fois fait la différence pour s’offrir un sixième titre consécutif de champion de Belgique. "Le niveau du championnat reste le même. Il n’est pas plus faible ou plus fort qu’avant. Ce qui a peut-être fait la différence en notre faveur, c’est le fait que les gars travaillent dur et veulent sans cesse être meilleurs."
Sans oublier un certain Dusan Djordjevic, qui n’est pas surnommé "le général" pour rien. "C’est mon bras droit. Je n’ai même pas besoin de parler avec lui, on se comprend avec un simple regard. Ce qui est incroyable, c’est qu’il joue deux minutes ou 40 (ce qui n’arrive jamais non plus), il est toujours content. Pour un coach, c’est un joueur parfait car il fait ce qu’il faut pour que l’équipe gagne et il n’est pas du tout égoïste", conclut Dario Gjergja qui semble déjà en route vers un septième titre de champion de Belgique consécutif tant le BCO semble encore au-dessus du lot cette année.
"Le recrutement est bien plus difficile"
La globalisation a des effets positifs sur le basket mais négatifs pour l’Europe
Ces dernières années, le phénomène est de plus en plus présent mais, en 2017, il a littéralement explosé. Ce phénomène, c’est celui de la globalisation qui permet à de nouveaux marchés basket de voir le jour, à l’image de la Chine, du Japon ou encore de l’Australie. "Ce sont des pays où l’on donne énormément d’argent aux joueurs pour qu’ils viennent jouer 3-4 mois, explique Dario Gjergja, l’entraîneur du BCO. Ils paient beaucoup pour avoir les meilleurs joueurs, tout simplement."
Des exemples ? Des gars comme le Français Edwin Jackson (dont le talent est indéniable, et qui aurait sa place dans un championnat plus huppé), Brandon Bass, Jared Sullinger ou encore Jimmer Fredette et Derrick Williams (pourtant ancien numéro 2 de la draft NBA) ont migré vers l’Asie. Il faut dire que les arguments sont impressionnants, comme l’expliquait à l’époque le Français Guershon Yabusele qui lui aussi a fait une escale en Chine. "Je n’ai pas de diplôme et on m’a proposé de gagner en cinq mois ce que certains ne gagnent pas en dix ans !"
Un constat qui inquiète le coach Gjergja. "C’est devenu de plus en plus compliqué de trouver des joueurs pour des clubs comme la Belgique. Avant, on avait des bons gars qui sortaient de collège et qui voulaient faire leurs armes en Europe. Maintenant, c’est beaucoup plus compliqué et il faut creuser de plus en plus profond pour trouver des bons joueurs."
Pour les joueurs, profiter de ces opportunités est une bonne chose bien évidemment mais, de l’autre côté, pour les "petits" clubs et même pour l’Europe en général, c’est très compliqué de rivaliser. "Ce qui m’inquiète, c’est que tous les meilleurs jeunes partent vers la NBA ou vers ces nouveaux championnats car il ne faut pas s’en cacher : c’est compliqué de recruter des jeunes joueurs car ils ne poussent pas sur les arbres non plus. C’est un fait certain : l’Europe ne peut pas rivaliser avec ces marchés et la différence est de plus en plus importante… et inquiétante", conclut le coach ostendais.
"Du bon niveau à l’Euro"
Dario Gjergja a été impressionné par le niveau du dernier Euro de basket
Cet été, la planète basket a vécu au rythme de l’Euro et, bien évidemment, Dario Gjergja n’en a pas raté une miette. "J’ai regardé tous les matchs", sourit-il.
Mais ce qui l’a marqué, c’est le niveau de jeu affiché par les différentes sélections. "On a vu du très bon basket et des gars qui évoluent en NBA comme Porzingis (New York) ont prouvé pourquoi ils en étaient là. Une fois qu’on est arrivé aux quarts de finale, il n’y a eu que des bons matchs. C’était une belle propagande pour le basket en général."
S’il regrettait que la Serbie ne soit pas au complet, Dario Gjergja était sous le charme de la Slovénie, championne d’Europe. "Ils sont devenus de plus en plus forts au fil du tournoi. Le coach slovène, Igor Kokoskov, est un ami et il a fait un incroyable travail avec cette équipe. Au début du tournoi, beaucoup pensaient que l’effectif était limité mais ils y ont cru jusqu’au bout pour finalement s’imposer de manière plus que méritée."
Ce qui a fait la différence ? L’humilité. "Je connais un peu Goran Dragic (meneur de la Slovénie et de Miami) et malgré le fait qu’il gagne des millions de dollars en NBA, il a tout donné pour son pays. Il a aidé Doncic à grandir et il s’est fondu dans le groupe."
L’autre satisfaction du coach Gjergja, c’est la médaille de bronze obtenue par l’Espagne. "C’est vraiment bien pour eux car c’est la fin d’une génération dorée. Ils ont perdu contre meilleurs qu’eux cet été mais ils méritaient de se retirer avec une médaille."
"Pas effrayé pour l’avenir des Lions"
Si beaucoup étaient déçus de la prestation des Lions lors de l’Euro (éliminés en phase de poule alors qu’Eddy Casteels s’était fixé comme objectif d’arriver au deuxième tour), pour Dario Gjergja, il était difficile de faire beaucoup mieux dans ces conditions. "Le groupe était très compliqué avec des grosses écuries, explique-t-il. Il faut être réaliste : si Sam Van Rossom n’avait pas été blessé avant le tournoi et qu’il n’y avait pas eu ces soucis de maladie, alors peut-être qu’il y avait de la place pour faire un peu mieux et prendre l’un ou l’autre match en plus."
Pour le coach ostendais, il faut absolument travailler sur l’avenir de l’équipe nationale à présent. "Ce qui est important, c’est de travailler avec les jeunes. Ce ne serait pas mal d’avoir une organisation comme en football par exemple car en Belgique, il y a du talent mais il faut le découvrir. Malgré tout, je ne pense pas qu’il faille être inquiet pour l’avenir des Lions ."
Et l’avenir, il passera bien évidemment par des joueurs comme Retin Obasohan ou Manu Lecomte. "Personnellement, j’espère pour Manu qu’il jouera un jour en NBA mais je pense que le top européen serait mieux pour lui. Le problème, c’est que pour le moment, aux États-Unis, s’ils ont le choix entre un Américain ou un Européen du même niveau, ils choisiront l’Américain. Néanmoins, ce que fait Manu est incroyable et il est très bon. Dommage qu’il manque un peu de taille. Si je devais le conseiller, je lui dirais de venir en Europe pour exploser."
"Doncic est prêt pour la NBA"
Cet été, tout le monde est tombé sous le charme de Luka Doncic, le phénomène slovène âgé seulement de 18 ans et qui est promis à un avenir doré. "Physiquement, il est incroyable, reconnaît Dario Gjergja. À cet âge-là, je ne connais pas beaucoup de joueurs qui sont formés comme lui." Ce qui est certain par contre, c’est que son avenir devrait se diriger vers la NBA. "Je ne sais pas s’il sera choisi en première position de la draft mais il sera dans le Top 3, c’est certain. D’ailleurs, il est déjà prêt pour la NBA." Pour le coach ostendais, Luka Doncic a toutes les cartes entre les mains pour dominer le basket. "Quand on regarde un gars comme Kristaps Porzingis qui domine actuellement en NBA, il n’était pas du tout aussi dominant en Europe que Doncic l’est pour le moment. Le seul point qu’il devra améliorer une fois dans la Grande Ligue, c’est sa défense. Pour le reste, il est prêt et joue déjà comme un gars de 26 ans !"
LaVar Ball, ce père invasif !
Comment ne pas évoquer l’un des phénomènes basket de l’année 2017 : la famille Ball. Si les enfants, à l’image de Lonzo qui a été drafté en deuxième position de la dernière draft par les Lakers, ont du talent, ce que fait leur père, LaVar, laisse à désirer. "Je pense que les parents ne doivent pas être impliqués dans certaines choses", note le coach du BCO. "J’espère sincèrement que Lonzo réussira en NBA car ce que fait son père n’est vraiment pas bon pour lui et c’est lui mettre une pression supplémentaire dont il n’avait pas spécialement besoin. Chaque enfant a le droit de se développer à son rythme."
Pour Dario Gjergja, ce que fait LaVar Ball, "c’est du sensationnel. Tout commenter de cette manière, ce n’est pas normal. On ne peut pas dire que les enfants n’ont pas de talent mais malheureusement pour eux, tout le monde est focalisé sur autre chose."
Quant à savoir comment il gérerait un père pareil, Dario Gjergja a sa petite idée. "Je ne me concentrerais que sur son fils. Je discuterais beaucoup avec lui et j’essayerais de faire en sorte qu’il reste concentré sur ses objectifs car ce n’est pas possible de gagner des titres quand on est distrait par des affaires extra-sportives. Ce que fait LaVar Ball, c’est tirer son fils dans la mauvaise direction !"
"Durant-Curry : trop dominant !"
Amoureux de basket et donc de NBA, Dario Gjergja ne loupe rien de ce qu’il se passe au pays de l’Oncle Sam. Si pour lui, la meilleure équipe de tous les temps reste celle des Bulls de Chicago et de Michael Jordan, il doit s’y résoudre : les Warriors, c’est du solide. " Pour moi, il n’y a eu qu’un seul Jordan et je suis content d’avoir vécu le temps de sa domination. C’est le joueur qui a été le plus dominant de l’histoire… dans un sport collectif. Maintenant, quand je vois Golden State, il faut bien dire que ce qu’ils font est incroyable. "
Et si certains doutaient de l’alliance Durant-Curry, l’alchimie a rapidement fait effet. " Ils sont dans le même état d’esprit, à savoir gagner. Je n’ai jamais douté de cette collaboration et pour moi, Durant est tout simplement le meilleur joueur. Il aspire à devenir de plus en plus fort et la domination de Golden State en NBA pourrait bien se prolonger. "
Individuellement, Dario Gjergja est également sous le charme de LeBron James. " Avec Durant, c’est le deuxième joueur le plus dominant de la ligue. Son talent et son physique sont incroyables. Il n’y a que du muscle. Ce sont des choses qu’on ne voit pas en Europe par exemple. C’est le genre de joueur, avec Durant, qui peut jouer à toutes les positions sur un terrain. C’est phénoménal. "