L'EuroLeague, un parfum de Ligue des Champions
Huit des seize clubs engagés en EuroLeague, soit la moitié, sont des sections basket de club omnisports qui brillent aussi en foot.
- Publié le 19-10-2018 à 21h37
- Mis à jour le 20-10-2018 à 10h37
Huit des seize clubs engagés en EuroLeague, soit la moitié, sont des sections basket de club omnisports qui brillent aussi en foot.
Grosse semaine pour le Bayern, qui a reçu le Panathinaikos mardi (80 - 79) avant de se rendre à Barcelone vendredi. Le Real Madrid, tenant du titre, a bien débuté la compétition, au grand dam de ses principaux concurrents qui devraient être, comme l’an passé, Fenerbahçe, l’Olympiakos ou le CSKA Moscou…
Ne vous méprenez pas, nous n’évoquons pas ici la Ligue des Champions de foot mais bien son pendant orange, l’EuroLeague BasketBall, où de nombreuses équipes battent pavillon foot : sur les 16 équipes de l’EuroLeague 2018-19, la moitié a son pendant sur gazon. Une tradition…
Les clubs omnisports existent depuis des lustres : l’équipe basket du Panathinaikos est apparue en 1922, suivie par celle de Barcelone, en 1926. Le Real l’imita en 1931, comme l’Olympiakos. Le Bayern créa sa section au lendemain de la Deuxième guerre mondiale… En Israël, le Maccabi est même davantage titré que ses footballeurs, avec ses 6 sacres européens. Comme le CSKA Moscou, en Russie, trois fois champion d’Europe. Le Fenerbahçe a lui aussi été sacré sur le VieuxContinent (2017), alors qu’un aucun club de foot turc n’a jamais remporté la C1…
Le Standard ? Le dessus du panier !
Le club liégeois fit les beaux jours du basket belge… La Belgique a perdu cette tradition, mais un club omnisports a pourtant marqué l’histoire du basket : le Standard BC de Liège, devenu Standard Boule d’Or du nom de son généreux sponsor, remporta 6 titres nationaux (3 championnats et 3 Coupes) entre 1962 et 1977. Emmené par sa star yougoslave Radivoj Korac, il fut même le premier club wallon sacré champion de Belgique, c’était il y a 50 ans (1968). Avec un président emblématique, le regretté Fernand Rossius, décédé en 2006.
Fondé en 1898 comme club de foot, le Standard créa ensuite plusieurs autres sections sportives : rugby (Standard Rugby Club), hockey sur gazon (Royal Standard Hockey Club), tennis (Standard TC) et donc basket-ball. C’est l’Affaire Waterschei qui sonna le glas de ce club omnisports, le foot restant le seul étendard d’une marque alors salie…
Après l’exil du Standard BC à Andenne, en 1985, le basket liégeois s’est cherché un porte-drapeau capable de ramener les lauriers nationaux. Et faire à nouveau vibrer le Country Hall, haut lieu de la balle orange qui vibra aux exploits du club liégeois mais qui accueillit aussi, notamment, la 20e édition de l’Euro en 1977, qui vit la grande Yougoslavie terrasser l’URSS en finale. Le VOO Liège Basket (née de la fusion du Fléron BC, du BC Hannut et de l’Essor Hannut, qui déménagea au Sart-Tilman en 2000) a bien remporté la Coupe de Belgique en 2004, et disputé la finale des playoffs en 2010, mais, depuis, il tente de survivre en EuroMillions League…
Paris: objectif EuroLeague
Comme en foot, la France attend une victoire en C1 depuis 1993. Et Paris veut aussi être le prochain…
Après deux ans à errer dans les limbes du basket français, Paris entame une nouvelle page de son parcours tortueux, une histoire à l’accent américain. Un ancien patron de franchise NBA a sorti son chéquier pour lui offrir un siège en ProB (D2), et tenter de retrouver l’élite. Un Américain à Paris… Et pas n’importe lequel. David Kahn, ancien président de la franchise NBA des Minnesota Timberwolves et actuel PDG de Paris Basketball Investments, n’a pas fait dans le détail. Pour que Paris, qui évoluait en N2 jusqu’ici, puisse entrevoir rapidement un retour parmi les cadors et retrouver les sommets européens, l’homme d’affaires a racheté les droits sportifs de Hyères-Toulon Var Basket (HTVB), en proie à des difficultés financières et relégué en Pro B au terme de la saison 2017/2018. Une première pour deux clubs français aussi géographiquement éloignés (840 km !), et un "win-win", reconnaît David Kahn. Tout ceci sous l’œil attentif et bienveillant de la Fédération française, qui a validé l’opération. Une carte de France du basket sans sa capitale ne pouvait pas être une situation durable…
Paris Basketball est ainsi né, deux ans après la scission du Paris-Levallois, qui avait privé la capitale d’un club pro. Le projet est clair : "Placer Paris sur la carte des grands clubs européens de basket", a expliqué l’homme d’affaires ricain. Le chemin est tracé, mais la route longue et sinueuse. Remonter dans l’élite n’est pas forcément chose facile.
David Kahn se veut prudent et ne veut pas construire un club à l’américaine, basé sur le modèle des franchises NBA. "Je ne suis pas venu imposer les pratiques de la NBA, j’ai beaucoup à apprendre du basket français", a voulu rassurer le businesman. Il souhaite que le club de Paris Basketball s’appuie sur son histoire, sa tradition, et ses relais déjà existants dans les milieux amateurs parisiens.
"Tout est à construire pour ce projet de long terme", confirme Romuald Coustre, nommé Directeur général opérationnel du club.
"Paris disposait de clubs professionnels dans toutes les disciplines sauf en basket", s’est félicité Jean-François Martins, adjoint en charge du sport de la Mairie de Paris, qui soutient largement le projet. Pas question, pour l’instant, de rejoindre le Paris Saint-Germain, club omnisports qui se décline pour l’instant en version foot, handball, judo et e-sport. En 2013, les Qataris propriétaires du PSG avaient discuté avec le Paris-Levallois Basket pour une éventuelle intégration du club, comme l’était le PSG Racing Basket dans les années 90 (Eric Struelens fit partie du projet, de 1996 à 1998…). Mais l’affaire capota, et la Mairie de Paris arrêta sa subvention au Paris-Levallois qui retourna à plein-temps au Palais des sports Marcel-Cerdan sous le nom des Levallois Metropolitans…
Avant de rejoindre l’Arena2 à la Porte de la Chapelle en 2022, la salle de 7.000 places qui accueillera les JO 2024, le Paris Basketball a pris possession de la Halle Carpentier. D’ici-là, il compte briller en France. Et même tutoyer l’EuroLeague, alors qu’aucun club français ne l’a disputée depuis trois saisons (Villeurbanne devrait la réintégrer dans un an). Un seul club français a réussi à décrocher la C1 du basket : le CSP Limoges, en 1993… la même année que l’OM, en foot ! Paris veut être le prochain. Comme en foot…