Les parents de Patrice, la seule victime belge du 11 septembre: "Notre dernier au-revoir..."
17 ans après l'atroce attaque des tours jumelles, Paola et Michel, qui n'ont jamais cédé à la colère ou au désir de vengeance, sont à New York pour la dernière fois.
- Publié le 10-09-2018 à 17h25
- Mis à jour le 10-09-2018 à 18h34
17 ans après l'atroce attaque des Tours jumelles, Paola et Michel, qui n'ont jamais cédé à la colère ou au désir de vengeance, sont à New York pour la dernière foisInformaticien, Patrice Braut travaillait depuis 4 ans à New York, dans les tours jumelles, lorsque les attentats du 11 septembre 2001 ont eu lieu. C'était, déjà il y a 17 ans. La société qui l’employait, Marsh&Mc Lennan, était située au 97e étage de la Tour Nord. L’avion s’est écrasé sur le 94e. L’espoir de retrouver des traces de Patrice était donc ténu mais Paola et Michel, ses parents, ont tenu bon. Depuis quatre ans, Paola et Michel en ont fini de vivre dans l'incertitude.… "Nous avons appris la nouvelle lorsque nous étions à New York. Mon mari avait pris rendez-vous auprès des autorités compétentes. Chaque année, on demandait où en étaient les recherches. Depuis 13 ans, nous espérions avoir des nouvelles. Et la septantaine passée, nous nous demandions si nous allions en avoir…"
C'est arrivé, le 10 septembre 2014. "Ils nous ont annoncé, en privé, qu’ils étaient à 100 % sûrs d’avoir identifié des restes de Patrice. Nous avons ressenti une grande émotion." Il faut dire que les parents de Patrice avaient grandement aidé aux recherches, à leur manière. "Il y a huit ou neuf ans, j’ai retrouvé une dent de lait de mon fils. Nous l’avions donnée aux autorités qui nous ont demandé si on était sûr de vouloir la leur laisser car ils ont expliqué qu’ils allaient la broyer. On l’a fait car on voulait retrouver notre fils. Et c’est grâce à cette dent qu’on a pu identifier Patrice."
Aujourd'hui, Paola et Michel Braut sont à New York, pour rendre un ultime hommage à leur fils décédé dans le plus atroce attentat ayant frappé le pays de l'Oncle Sam. "Nous avons toujours vu New York comme la tombe de Patrice, mais c'est la dernière fois que nous nous y rendons. Cela nous tenait à coeur de lui dire au-revoir une dernière fois..." C'est qu'à 74 et 75 ans, le voyage est pour eux éprouvant : "Non seulement émotionnellement, mais aussi parce que nous sommes âgés. Ce n'est pas comme si c'était un voyage à la Côte belge…" Des cousins accompagnent d'ailleurs le couple durant ce voyage.
Patrice, un Anderlechtois qui vivait son rêve américain
Patrice Braut travaillait à New York depuis 4 ans. Le 11 septembre 2001, sa route a été brutalement interrompue. L’homme, apprécié de tous, a laissé beaucoup de gens en peine.
Après des études en sciences économiques à l’ULB, Patrice Braut décroche un stage de trois mois chez Marsh&McLennan, qui s’est transformé en engagement pour une année et en bail à plus long terme par la suite. “Peu de monde serait en mesure de refuser ce genre de proposition” , soulignait Paola à La DH. “Il faut avoir des tripes, du courage pour partir; il vivait son rêve américain” , enchérit Michel.
Malgré les six heures de décalage horaire, Patrice Braut était resté très proche des siens. “C’était le petit prince de la famille” , se remémore Paola. “Quand il nous appelait, même si c’était la nuit en Belgique, cela pouvait durer des heures.”
Le cadre de Marsh&McLennan croquait dans Big Apple à pleines dents. “Patrice adorait New York”, assure Paola.
Le 11 septembre 2001, Patrice Braut pointe à la Tour Nord et rejoint son bureau situé au 97e étage. L’avion a touché l’immeuble au 94e étage. “Tout s’ouvrait à lui” , soupire Michel. “Il n’avait que 31 ans. Et dire qu’il est mort dans des conditions pareilles..”
Malgré les circonstances, les parents de Patrice Braut n'ont jamais cédé à quelque forme de vengeance que ce soit. “Nous n’éprouvons pas de haine” , nous confiait Paola. “Cela n’amène rien.”
Et le papa de dire : “Nous sommes bien sûr submergés par la souffrance mais arrivons à faire la distinction entre religion et intégrisme. Nous aurions préféré que Ben Laden soit jugé. Un procès aurait apporté un sentiment de justice. Ben Laden aurait pu méditer sur ses actes. Là, cela a été un peu rapide, trop radical. La maxime œil pour œil, dent pour dent : très peu pour nous.”