Uniforme, short, jupe, décolleté à l’école : “Les élèves doivent être impliqués dans l’élaboration de la tenue”
Trop court, trop long, trop échancré, trop ample… Pas facile de comprendre quelle est la tenue acceptable pour aller à l’école. Plusieurs partis plaident pour la participation des élèves.
- Publié le 19-04-2024 à 13h41
Le sujet est pointilleux. Entre liberté d’expression et effacement des inégalités, les arguments s’affrontent sur l’uniforme scolaire. Récemment, à Bruxelles, une élève de l’Institut Paul-Henri Spaak a été priée de rentrer se changer car la directrice estimait la tenue “inappropriée”, rapporte La Capitale.
Pour éviter ce genre de situation, plusieurs partis prônent la participation des élèves. “Ils doivent être impliqués dans l’élaboration de la tenue vestimentaire à l’école”, estime la députée Alice Bernard (PTB). “Laissez la parole aux élèves, vous seriez surpris de voir ce qu’ils veulent”, lâche Logan Verhoeven, président du Comité des élèves francophones (CEF), en sous-entendant que les jeunes ne se ramèneront pas complètement débraillés.
”Une tenue correcte”
Aucun parti politique plaide pour l’uniforme mais aucun n’y est fondamentalement opposé. “Cela relève de la liberté pédagogique. Il ne faut rien imposer mais cela ne doit pas être discriminatoire”, commente la députée Stéphanie Cortisse (MR). “Un guide est disponible pour rédiger correctement le règlement.” Actuellement, chaque école fait plus ou moins ce qu’elle veut. Le Règlement d’ordre intérieur (le fameux R.O.I.) reprend notamment les règles de vie en commun, les sanctions disciplinaires et la tenue vestimentaire.
Les disparités peuvent être très grandes entre les établissements. Certaines écoles se montrent très précises tandis que d’autres requièrent “une tenue correcte” ou “une tenue de ville”, des termes qui laissent libre à l’appréciation. “Les R.O.I. ne sont pas les mêmes partout et ne sont pas tous rédigés de la même façon. La Fédération Wallonie-Bruxelles devrait intervenir pour que les élèves soient concertés dans la rédaction du règlement”, poursuit Alice Bernard. Comme Joëlle Maison (DéFI), elle constate que les remarques s’adressent bien souvent aux filles. “On ne peut plus entendre 'Tu vas troubler les garçons dans cette tenue'”, peste l’élue amarante.
Impliquer pour mieux accepter
Le CEF a mené une grande étude sur la tenue vestimentaire à l’école. “Le sujet revient chaque année avec des élèves priées de se changer. On le regrette et on le dénonce car cela provient surtout de règles qui ne sont pas objectives et laissées à l’interprétation. On est souvent face à un jugement de valeur sur la tenue qui évolue dans le temps et à un choc générationnel”, pointe Logan Verhoeven. “Tous les ans, on a l’impression que c’est pour un critère nouveau critère pour sanctionner. cela outrepasse le droit à l’éducation et c’est totalement disproportionné.”
Pour Les Engagés, l’implication du conseil des élèves ou du conseil de participation ferait du R.O.I. un outil de démocratie scolaire. “Il est parfois bien de clarifier ou d’ajuster les règles. Il y a des évolutions et il faut un peu de souplesse par exemple lors de fortes chaleurs”, détaille Marie-Martine Schyns. Ecolo tient le même discours en reconnaissant que cela prend du temps. “Mais l’investissement vaut le coup. Ce sera vraiment bénéfique pour le climat scolaire entre les élèves et le corps enseignant ainsi qu’entre les élèves eux-mêmes”, argue Jean-Philippe Florent.
Quant à la fréquence à laquelle on co-construit le R.O.I., DéFI rappelle que le conseil de participation doit se réunir à intervalle régulier. Sinon une discussion dès que cela pose question. En France, près d’une centaine d’écoles teste le retour de l’uniforme avec un succès assez mitigé.